La Norvège

L’idée de finir la saison sur les îles Lofoten, au large de Narwik, dépose un sourire béat sur nos visages depuis que la décision a été arrêtée au mois de février.
Certes, nous savons la difficulté de ce périple au cœur de la Scandinavie, mais nous ne tarissons plus d’éloges quant à cette destination prometteuse.

Malgré la longueur du ruban d’asphalte qui se présente à nous, le nombre de pays à traverser et notre véhicule un brin encombrant et lent, ce matin d’avril possède une saveur rare.
Les Alpes se réveillent sous un soleil déjà ardent pour la saison, les brumes quittent les fonds de vallée, la neige reprend ses quartiers d’été, doucement mais sûrement.

La porte du camping-car se referme, le moteur en branle, pas vraiment du genre V12, l’aventure commence.
La première difficulté ne se fait pas attendre, douane suisse, un emmerdeur de l’administration en question veut jouer au cow-boy. Résultat de l’opération, nous sommes obligés de chercher un autre poste frontière. Finalement, ça passe un peu plus loin, sourire en coin, la route s’offre à nous, et l’euphorie du voyage nous envahit.
L’Allemagne se présente rapidement à nous, les relais au volant vont bon train.

En partant pour trois semaines et en raison des 3800km à parcourir, nous nous arrêterons uniquement pour le plein de gazoline, les autres futilités n’ont pas raison d’être. Après la route, le bâteau pour se rendre au Danemark et même scénario pour arriver en Suède.

Le compteur affiche ses 1600km mais c’est le double que nous avons à avaler. Du coup, la remontée de la Suède sera un vrai calvaire, paysages grandioses mais monotones sur la longueur, et le mythe de la blonde, une vrai utopie. Non vraiment rien d’excitant.
Finalement, Riksgransen, station mythique suédoise sonne la délivrance, avec le début de vrais montagnes et la douane suédo-norvégienne qui nous fait face. Pressenti comme simple formalité, le passage va s’avérer fort coûteux pour quelques litres de « gros rouge » amenés de France. 250€ pour avoir dépassé la quantité autorisée de boisson alcoolisée par personne… No comment !

Narwik pointe le bout de son nez, plus que 50km, des trombes d’eau s’abattent sur la neige malgré les 2000m affichés par l’alti. Ça rit jaune.
L’arrivée dans les antres du fjord de Narvik est lugubre avec une luminosité inexistante, une neige de moins en moins blanche, toujours ce rideau de pluie. Et que dire des 3500km que nous avons mis au moulin, tout ça pour ça ! L’amertume serait à deux doigts de nous envahir, mais le positivisme reprend le dessus et les espoirs dans le même temps.

En tout cas, stationner en bas des pistes, la vigueur des djeuns enchaînant les rails, les boxs à tours de bras à la sortie des cours, laissent songeur. En comprend mieux le devenir du freestyle scandinave.
Le lendemain, même tableau et aussi peu de couleurs… Nous mettons les voiles, tant pis pour la session promise à Narvik, nous prenons le cap des Lofoten.

Quelques 400km et un bateau plus loin, nous touchons la terre de ces îles mirifiques. Les montagnes sont d’une densité frôlant l’hérésie, la verticalité se hume à plein nez, la neige est toujours largement présente mais… il pleut toujours à seaux d’eau ! Pourvu qu’elle ne se réduise pas comme peau de chagrin.

Après deux jours de rabe de mauvais temps, un anticyclone vient se caler sur les îles. Enfin ! Quatre jours de ski mémorables, sur une neige cristalline, polie par le vent océanique mais le plaisir est là.

L’ambivalence des ces îles qui nous propulse sans cesse entre océan, fjord et montagne procure des orgasmes uniques pour des skieurs.
Tâter de la neige sous les spatules et avoir le regard qui se perd dans un horizon bleutée… rarissime.
Les jours défilent au rythme polaire, le jour s’impose de 3h du mat’ à 23h, la période du soleil de minuit approche… Ces jours de ski nous transcendent, oubliant les difficultés du départ, le mauvais temps, nous n’avons de cesse d’invoquer les cieux pour que nous profitions de ces conditions quelques jours…
Quatre sera le maximum, pas de sursis, le mauvais temps refait son apparition et ne nous quittera plus.

Sûrement qu’un troll mal luné a décidé ainsi de notre sort, dommage ! Mais les photos ne démentent pas la magnificence de ce pays et d’ailleurs seules ces images peuvent témoigner de l’ampleur de ce que nous avons connu, vécu et vu.

Le ski malgré des neiges infectes est loin d’être une sinécure… Vous pourrez également retrouver un film dans la vidéo Snowlways-production, à sortir à la rentrée.

Mathieu

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *